
Alors que les derniers coups de feu claquent encore dans les rues de Barcelone insurgée, une délégation anarchiste de la CNT-FAI se rend, les armes à la main, dans le palais de la « Généralité de Catalogne », image d’un pouvoir moribond. Ce 20 juillet 1936, au milieu de débats fiévreux, naissait le Comité central des Milices Antifascistes.
Adoptant un principe de parité entre les militants de la puissante CNT (anarcho-syndicalistes) et de l’UGT (syndicalistes de tendance socialiste), la nouvelle organisation se met immédiatement au travail afin d’établir un ordre révolutionnaire en Catalogne et d’organiser des opérations armées contre les généraux factieux occupant militairement la ville de Saragosse (Aragon). Les militants responsables, veillent, cependant, à respecter au maximum le projet anti-autoritaire cher aux libertaires. En quelques jours, un travail conséquent est entrepris. Les organisations politiques progressistes ouvrent des centres de recrutement de miliciens antifascistes. Les volontaires affluent. Plus loin, des équipes d’ouvriers en armes traquent les tireurs factieux embusqués, assurent le ravitaillement de Barcelone ou remettent en route les services sanitaires...
Un véritable chantage
Le gouvernement central (républicain) de Madrid, plus conservateur, voit d’un mauvais œil cet îlot révolutionnaire. En août, il tente de mobiliser partiellement la classe 1934-1935. Protestation des jeunes catalans concernés. Manifestations fermement antimilitaristes. Le Comité réagit en incorporant les jeunes dans des organisations miliciennes, loin de l’ingrate vie militaire.
Pourtant, l’état central madrilène ne désarme pas. Un véritable chantage pèse implicitement sur la Catalogne libertaire : Barcelone ne recevra pas d’armement, ni de fournitures industrielles de première nécessité, tant que subsistera le fameux Comité antifasciste. Ces pressions expliquent, en partie, le fléchissement de la CNT. Fin septembre 1936, des anarchistes entreront à nouveau dans le palais de la « Généralité de Catalogne », mais comme conseillers, cette fois... Barcelone la noire s’endormait. Sur le front d’Aragon, les milices allaient bientôt se grouper en une éphémère « Exèrcit de Catalunya » plus conforme aux schémas militaires classiques, mais encore relativement indépendante du pouvoir central madrilène.