
Corinne Narassiguin, secrétaire nationale à la coordination du PS, a écrit une tribune publiée par le journal "Le Monde".
Le soutien à la révolte des Iraniennes contre l’obligation du port sexiste du voile est largement soutenue. Mais en même temps, cela a encore révélé le clivage à gauche sur la question du voile en France. Corinne Narassiguin, femme politique de gauche, appelle son camp (dont je fais partie) à enfin se saisir de ce sujet, non plus sur le plan de la laïcité pour botter en touche, mais du féminisme. Car "le droit de porter le voile est l’exercice de la liberté religieuse garantie en France par le principe de laïcité. [Mais] ce n’est pas un combat féministe."
Je ne cesse de le marteler : la religion ne doit pas être une carte d’immunité du sexisme. La laïcité ne doit pas servir de prétexte à l’aménagement du patriarcat. Brandir un faux "libre choix", après avoir été convaincues par des hommes de se soumettre à l’injonction de "pudeur" qu’ils ont créé pour elles, n’a rien de féministe. Les féministes qui luttent pour la "liberté" à la soumission patriarcale, celles qui relativisent et celles qui se taisent, sont les complices des voileurs et de leur phallocratie. Cette complicité facilite également l’avancée de l’islamisme, conséquence justement souhaitée par les prescripteurs du voile dont la fonction est aussi prosélyte (peu importe les intentions de celles qui le portent).
Il est temps que la frange de la gauche séduite par l’islamisme et son corollaire sexiste se ressaisisse. Il est temps qu’elle retrouve la boussole de ses valeurs. Peut-être que cette tribune permettra un début de débat sans que les relativistes ne lancent encore les anathèmes de "racistes" (envers une religion...) ou d’"islamophobes" (blasphémateurs) pour toujours éviter de montrer le vide abyssale de leurs arguments et de justifier l’injustifiable.