Demain Le Grand Soir
NI DIEU, NI MAITRE !

Le Site de Demain le Grand Soir est issu de l’émission hebdomadaire sur "Radio Béton", qui fut par le passé d’informations et de débats libertaires. L’émission s’étant désormais autonomisée (inféodé à un attelage populiste UCL37 (tendance beaufs-misogynes-virilistes-alcooliques)/gilets jaunes/sociaux-démocrates ) et, malgré la demande des ancien-ne-s adhérent-es de l’association, a conservé et usurpé le nom DLGS durant de trop nombreux mois. Heureusement, le site continue son chemin libertaire... Finalement, au début 2023, l’équipe de l’émission a enfin pris la décision de changer de nom.

Le site a été attaqué et détruit par des pirates les 29 et 30 septembre 2014 au lendemain de la publication de l’avis de dissolution du groupe fasciste "Vox Populi".

Il renaît ce mardi 27 octobre 2014 de ses cendres.

" En devenant anarchistes, nous déclarons la guerre à tout ce flot de tromperie, de ruse, d’exploitation, de dépravation, de vice, d’inégalité en un mot - qu’elles ont déversé dans les cœurs de nous tous. Nous déclarons la guerre à leur manière d’agir, à leur manière de penser. Le gouverné, le trompé, l’exploité, et ainsi de suite, blessent avant tout nos sentiments d’égalité.
(....)Une fois que tu auras vu une iniquité et que tu l’auras comprise - une iniquité dans la vie, un mensonge dans la science, ou une souffrance imposée par un autre -, révolte-toi contre l’iniquité, contre le mensonge et l’injustice. Lutte ! La lutte c’est la vie d’autant plus intense que la lutte sera plus vive. Et alors tu auras vécu, et pour quelques heures de cette vie tu ne donneras pas des années de végétation dans la pourriture du marais. "

Piotr Kropotkine -

Ukraine : L’extrême-droite, milices privées des oligarques ?
Article mis en ligne le 10 novembre 2022

par siksatnam

Une photo pour clarifier la situation :

Photo publiée le 28 janvier 2022.

 Pose ici le commandant en chef des forces armées ukrainiennes Valeri Zaloujny (Валерій Залужний). Il a été nommé à ce poste par Volodymyr Zelensky le 27 juillet 2021.

 Valeri Zaloujny est au centre avec à sa droite Dmytro Kotsyubaylo, membre du Pravy Sektor (Secteur Droit) - formation d’extrême-droite -, ayant reçu la plus haute distinction d’Ukraine des mains de Volodymyr Zelensky le 1er décembre 2021. Valeri Zaloujny a d’ailleurs félicité ce jour-là Dmytro Kotsyubaylo.

Voir une statue de Stepan Bandera au premier plan à proximité de Dmytro Kotsyubaylo n’est pas une nouveauté… Mais l’innovation vient du fait qu’on voit également un portrait de Stepan Bandera en haut à droite sur la photo publiée par Valeri Zaloujny le 28 janvier 2022, avec en haut à gauche... une représentation de Roman Choukhevytch !!

 Roman Shukhevych est un ancien collaborationniste de l’Allemagne nazie et commandant du bataillon nazi Nachtigall, actif en 1941. Responsable de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne, il a participé aux massacres de Volhynie, menés entre 1942 et 1945, qui ont tué entre 35 000 et 100 000 civils polonais.

 Stepan Bandera Pendant la Seconde Guerre mondiale, Bandera a dirigé l’Armée insurrectionnelle ukrainienne, qui a tué des milliers de Juifs et de Polonais, dont des femmes et des enfants, alors qu’elle combattait aux côtés de l’Allemagne nazie contre l’Armée rouge et les communistes.

 le capitaine Dmytro Kotsyubaylo a été décoré comme « héros » par le président ukrainien lui-même. The Times dresse le portrait suivant de Pravi Sektor : « le groupe est né en 2013 sous la forme d’un mouvement militarisé qui comprenait à la fois des extrémistes ultranationalistes et des partisans de droite, et est rapidement devenu un pilier de la lutte contre les séparatistes soutenus par la Russie. Bien que son aile politique ait fait un flop, ne parvenant pas à obtenir un seul siège aux élections de 2019, les unités de volontaires de Pravi Sektor sont largement considérées en Ukraine comme une force dévouée de volontaires patriotes engagés dans la préservation de l’intégrité territoriale du pays (...) Alors que la menace d’une invasion russe se profile, Pravi Sektor s’est retrouvé dans une ère de prestige revitalisé, illustrée par la reconnaissance publique de Kotsyubaylo comme un héros national. Basés derrière la ligne de front en tant que force de réserve, les combattants de Pravi Sektor forment des réservistes et des volontaires dans toute l’Ukraine orientale. "Nous faisons partie intégrante de la défense de notre pays et nous nous coordonnons au plus haut niveau avec l’armée ukrainienne", a déclaré Kotsyubaylo ». Il y a une osmose tellement importante entre Pravi Sektor et l’État ukrainien qu’il est normal de voir des écoliers visiter leurs camps d’entraînement, où on leur prodigue une vision totalement nationaliste de l’histoire du pays. C’est notamment le cas du récit autour de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne de Stepan Bandera, une organisation militaire nationaliste ukrainienne qui pendant la Seconde Guerre Mondiale a combattu l’Armée Rouge et les Nazis, mais qui a collaboré avec ces derniers.

L’armée de Stepan Bandera est en outre responsable du massacre de milliers de Polonais et de Juifs. Mais sa réhabilitation est en cours dans le pays depuis plusieurs années, même avant le mouvement Maidan de 2014. Il s’agit d’une révision réactionnaire de l’histoire devenue politique officielle. Les symboles banderistes comme le drapeau rouge et noir, que l’on peut percevoir même dans les manifestations à Paris, sont devenus de « simples » symboles nationaux.

L’extrême-droite, milices privées des oligarques ?

Il existe une face moins connue des forces d’extrême-droite : leurs relations avec les oligarques. En effet, plusieurs oligarques ukrainiens ont été parmi les principaux supports financiers des groupes paramilitaires nationalistes. Parmi ces oligarques on peut mentionner le magnat de l’énergie, Igor Kolomoïsky. Celui-ci a non seulement financé le régiment Azov, mais aussi les milices Dnipro 1 et Dnipro 2, Aidar et les Unités du Donbass. Comme l’écrivait en 2019 le journaliste nord-américain proche du Parti Démocrate Peter Cioth : « pendant le conflit entre l’Ukraine et les séparatistes soutenus par la Russie, M. Kolomoisky était prêt à faire n’importe quoi pour que son camp gagne - ce camp étant, à ce moment-là, le camp pro-occidental. M. Kolomoisky est juif, possède la nationalité israélienne en plus de sa nationalité ukrainienne et a été un temps président du Conseil européen des communautés juives. Pourtant, rien de tout cela ne l’a empêché de financer des milices néonazies en Ukraine, en particulier le tristement célèbre Bataillon Azov, tant qu’elles s’opposaient à la Russie (et que les propriétés de Kolomoisky n’étaient pas pillées) ». Kolomoïsky a cependant été sanctionné par les Etats-Unis en mars 2021. Non à cause de son soutien et financement à des groupes néonazis mais parce qu’entre temps il a commencé à financer des fractions parlementaires en froid avec les occidentaux. En effet, loin du récit héroïque que l’on fait actuellement des dirigeants ukrainiens, ceux-ci (dont Zelensky lui-même) et les oligarques utilisent les disputes entre la Russie et les impérialistes occidentaux pour améliorer leur position dans les négociations avec ces deux « blocs ». C’est l’histoire politique de l’Ukraine depuis la chute de l’URSS. En ce sens, le financement de brigades de criminels et de néonazies face à la Russie rentre dans la même logique : protéger leurs intérêts particuliers. Quant au paradoxe apparent sur le fait que Kolomoïsky soit juif et qu’en même temps il finance des groupes affiliés au néonazisme, cela est utilisé aussi pour relativiser le véritable caractère politique de ces groupes. Certains pointent également le fait que Zelensky, lui-même juif, ne peut pas soutenir ou être soutenu par des « néonazis ». Cela signifie oublier que ces organisations ont été fondées par des individus aussi réactionnaires qu’opportunistes, prêts à laisser de côté certaines de leurs « convictions » à la faveur du plus offrant. En ce sens, le journal israélien Haaretz, écrit à propos des crimes de ces bandes : « ses troupes [du Régiment Azov] ont été accusées de crimes de guerre par les Nations unies, tandis que son bras paramilitaire, le Corps national, a été lié à des attaques contre des Roms locaux et des membres de la communauté LGBT. Toutefois, si des groupes d’extrême droite ont commis des ratonnades au cours de la dernière décennie (…) la violence à l’encontre des Juifs est relativement rare ». Que ces organisations s’attaquent moins aux populations juives ne veut pas dire qu’elles soient moins proches du néonazisme mais juste qu’elles mettent l’accent sur d’autres aspects de cette idéologie nauséabonde.

Roberto ferrario