Lundi dernier, on commence l’apéro, il est à peine quinze heures, et j’écoute mon pote me parler du crack boursier, l’équivalent de celui de 1929, m’affirme-t’il... Tu déconnes... Blague ? Non, non, pas blague, me répond-il... Tu jures ? Et comment, qu’il jure... La preuve, ils l’ont dit dans le poste, et attention, hein pas sur RTL ou sur Europe 1, non, non, sur France Inter, mon vieux, tu sais, Demorand et compagnie, le sept-neuf, tout ça... Oh, purée c’est du sérieux ! Je m’enflamme ! J’vais bouffer des patates pendant les deux ou trois prochaines années, d’accord, j’irais mendier du travail, me vendre à la journée, en faisant la queue à la sortie d’entreprises au bord de la faillite, avec des milliers de mes congénères, d’accord, ça craint, mais au moins j’ai mon sujet pour ma chronique de mercredi, que j’me dis... Soir, télé, rebelotte... Je culpabilise, mais, vu que ma copine regarde pas, je fais insidieusement glisser mon pouce sur le bouton 1 de la télécommande... Laurence Ferrari... Ca change, quoique à peine, de PPD l’interviewer fantôme... Selon elle, et malgré son sourire, rien ne va plus, Lehman Brothers met la clef sous la porte, on voit des dizaines de traders et autres banquiers de tous poils faire leurs cartons en nous disant que c’est la catastrophe... Alors du coup, c’est la panique sur les marchés financiers... Mais comment va-t’on s’en sortir ?... En tout cas c’est clair, j’ai trois jours pour me la préparer catastrophiste à souhait, ma chronique, du style : les traders américains prennent des vols Air France pour venir sauter du sommet de la tour Montparnasse, pour cause que chez eux y plus de World Trate Center pour se jeter, qu’il y a des queues de trois kilomètres devant le Lidl de la place Thiers, et que à midi y ferment parce qu’il y a plus rien à vendre, que c’est la pénurie, et que le Auchan,

s’est trop loin pour aller à pied, pour les malheureux qu’on pas les 1 euros 40 pour prendre le bus et que de toute façon, y plus d’essence à mettre dedans les bus, et tout et tout et tout...
J’y suis, je tiens mon sujet, j’me prends déjà pour Jean-Marc Sylvestre :
L’action Radio Béton s’écroule à moins 5,3%... Le titre Projet 244 est en repli de 3, 5%, et quant à la Petit Monde-Bobo S.A. elle chute de 17% sur le marché obligataire des quais de la Loire...
Et puis... Et puis plus rien... Ou du moins plus grand chose... Mardi, ouverture du journal avec les français pris en otage par des pirates au large de la Somalie qui ont été libérés, "Nicolas Sarkozy ayant piloté l’opération militaire", que pour ainsi dire, à l’entendre, c’est lui qu’a été à l’abordage avec son chef de cabinet... Non mais quelle déconneuse cette Lolo Ferrari, quand même !... Integre, mais déconneuse... Et encore plus déconneuse qu’intègre, à y réfléchir, d’ailleurs... Football : les clubs français qui font leur entrée en Ligue des Champions... Ce sera dur pour l’O.M., y parait... Le crack boursier s’est quant à lui transformé en gentille crise due aux "marchés financiers instables"...
Ambiance baudruche, donc...
Comme un con, le David...
De toute façon, pour rebondir, c’est la merde... C’est vrai, ce qui manque, à Radio Béton, c’est vrai un service interractif pour les auditeurs, pour qu’on soit pas moins nuls que les autres... Imaginez, ça aurait quand même de la gueule : Votez par SMS en envoyant crack ou reprise économique au 8 13 13 - 2,65 euros plus prix du SMS selon opérateur-...
Alors pour conclure, comme dirait Laurence Ferrari, sans transition, le sourire de la journée, c’est audacieux sur ces ondes, dans cette émission libertaire, c’est une citation du pape, à propos de l’Europe : "N’y aura-t’il un jour sur ces terres plus que des pierres à parler de christianisme" ? Ben ouais Ben, et alors ou qu’il est le problème ?
D.G.