
Comme il est de tradition, le G 20 a aussi attiré à Pittsburgh quelques contre-manifestants qui proposent un regard un peu décalé sur l’évènement. « Ce que décident les maîtres du monde, derrière leurs barricades, c’est comment préserver la richesse des riches et s’assurer que les pauvres restent pauvres » assène ainsi Tom Mestnik, 47 ans, informaticien venu tout exprès du Colorado pour manifester ces deux jours contre le G 20. « J’ai pris mon unique semaine de vacances annuelles pour venir à Pittsburgh, explique Tom. Car c’est important ce G20 : les maîtres du monde sont en train de décider, à notre place, comment tout contrôler et garder des milliards de gens au bord de la famine. Le vrai changement ne pourra venir que de la rue ».
Ce jeudi à Pittsburgh, les contre-manifestants ne sont que quelques centaines, mais plutôt radicaux : anarchistes pour la plupart, beaucoup ont revêtu masques ou foulards noirs et semblent prêts à la baston. « La gauche traditionnelle se laisser bercer par Obama, il ne reste pour le moment que nous, les anarchistes, pour descendre dans la rue » observe Tom. « Pour nous, Obama n’est qu’une marionnette, renchérit Roy, étudiant de 23 ans, venu lui d’Alabama. Il est un bon exemple d’homme politique qui n’écoute pas son peuple : il continue à faire la guerre, envoyer des soldats en Afghanistan… Les leaders de ce monde ne savent pas comment vivent les gens, ils n’écoutent pas ce qu’on leur dit » poursuit Roy, tout en brandissant sa solution, inscrite sur sa pancarte : « Personne ne gouverne si personne n’obéit ». Non loin, un autre manifestant s’est enveloppé dans un drapeau américain… dont les étoiles sont devenues des logos (Coca, Shell, IBM…) « Ce drapeau dit bien ce qu’est maintenant l’Amérique, explique Jack Stock, venu du Massachusetts. Moi je ne veux pas du G20 car nous n’avons pas besoin d’un gouvernement mondial. On ferait mieux de prendre les décisions au niveau local ».
Pendant quelques heures jeudi, les anars ont joué au chat et la souris avec les policiers, déployés en masse dans tout Pittsburgh. Venus de tout le pays, les policiers patrouillent la ville à bord de toutes sortes de véhicules martiaux ou civils… y compris des bus scolaires ou des camionnettes de location, comme on peut voir sur cette photo (prise avec un téléphone, désolée pour la qualité, on essaiera de s’améliorer peu à peu).

Quand on leur demande s’ils manquent de véhicules, ces tortues ninja, souvent très désagréables d’ailleurs, ne répondent pas. Les habitants, qui les ont vu débarquer il y a quelques jours, expliquent que beaucoup sont venus en avion et ont donc loué leurs véhicules sur place. « L’Amérique ne deviendra jamais un Etat policier. Nous n’en avons pas les moyens » ironisait mardi matin le quotidien local Pittsburgh Post-Gazette. Parmi les riverains, qui ont assisté aux chassés-croisés entre flics et anarchistes, cela ne rend guère en tous cas le G20 très populaire : « Pittsburgh est trop petite pour un sommet de cette ampleur » soupire Scott, chauffeur de taxi réduit à aller de déviations en barrages de flics. « Les Grands de ce monde pourraient aussi bien se rencontrer en secret, suggère Michael Jackson (c’est son vrai nom, j’ai vu son badge d’employé à l’aéroport de Pittsburgh). Mais non, il leur faut cet exercice de brutalité policière ».
Source : Libé Blog