
“La France est de retour, tous unis contre le mondialisme”. C’est sous ce slogan qu’était convoqué ce dimanche 8 mai au matin à Paris, le rassemblement traditionnel de l’extrême droite radicale, à l’appel du C9M, de Troisième voie et des JNR (les mouvements de Serge Ayoub), de la Nouvelle droite populaire (Roland Hélie et Robert Spieler), de Terre et Peuple (Pierre Vial), du Renouveau Français et du GUD. Fait notable : pour la première fois, un responsable du Parti de la France de Carl Lang, en l’occurence son n°2 Thomas Joly, a assisté au défilé. L’an passé, M. Lang avait refusé de s’associer à l’évènement en raison de son caractère “sulfureux”. A l’époque, il ne souhaitait pas se voir assimiler aux rangs - très skinheads - de l’extrême droite “hard”.
08 mai 2011
Malgré une très large publicité donnée par les organisateurs à leur initiative, sur Internet et les réseaux sociaux, il n’y a pas eu de progression notable en terme d’affluence. La participation est restée la même qu’en 2010 : environ 700 personnes. Un gros dispositif de plusieurs centaines de policiers en tenue et de gendarmes mobiles, avait été déployé dans le quartier Madeleine-Opéra-Pyramides. Car une contre-manifestation à l’appel de plusieurs organisations libertaires (CNT, Alternative libertaire) et du syndicat SUD-Etudiants, était organisé au même moment et à un jet de pierre du premier défilé.
Le défilé d’extrême droite était un test pour les Nationalistes autonomes (NA) et Troisième voie (TV). Ces bannières ou appellations sont prisées des jeunes militants “durs” en province. Pour autant, ce petit effet de mode n’a pas débouché sur une mobilisation massive, ce 8 mai. Plusieurs raisons peuvent être avancées. Les NA, notamment dans l’Est de la France (Alsace et Lorraine) ont eu maille à partir avec la police. Par ailleurs le milieu “nationalistes autonomes” semble extrêmement divisé et a du mal à s’organiser.
S’agissant de TV, il est sans doute un peu tôt pour conclure : sa création remonte à l’automne 2010. Surtout, ici ou là, il est très difficile de faire le distinguo entre NA et le mouvement de Serge Ayoub : un même groupe réduit de militants se réclamant indifféremment de l’un ou de l’autre.

Le nouveau GUD d’Edouard Klein n’a pas non plus fait le plein de ses effectifs, alignant une petite trentaine de ses militants. On a pu remarquer également la présence de quelques militants du Mouvement d’Action Sociale (MAS) dont les relations ne sont pourtant pas au beau fixe avec Serge Ayoub, principal organisateur du défilé.
Droites extremes/Reproduction interditeL’ambiance musicale, cette année, était un peu moins électro martiale que l’an passé. Les manifestants, au son des roulements de tambours, ont chanté les Lansquenets, et scandé le slogan favori des mouvements néofascistes : “Europe, Jeunesse, Révolution”.
On a pu entendre aussi “La France aux Français”, “Islam hors d’Europe” ou “Une terre, un peuple”.On a vu également énormément de croix celtiques, du treillis, de la “triplex” et des “docs“. Des hooligans du PSG avaient aussi fait le déplacement.
Et puisqu’aujourd’hui à l’extrême droite plus personne ne recule devant rien, l’indicatif de Radio-Londres et des messages aux Résistants ont été diffusés juste avant les prises de paroles.
La grande nouveauté du cru 2011 était la présence de plusieurs mouvements étrangers : les Belges de Nation sont venus de manière plus étoffée que l’an passé ; mais il y avait aussi les Espagnols du MSR, mouvement néofasciste “d’extrême droite subversive”. Il faut dire que Troisième voie organisait dans la foulée du défilé, un meeting “inter-national” avec des représentants des deux partis précités, mais aussi de Genève non-conforme, du mouvement flamand NSA et les Italiens de Sinistra Nazionale.
Abel Mestre et Caroline Monnot (Le Monde)